Chat va bien

En octobre 2023, de passage avec bonhomme dans le labyrinthe feutré du cimetière de Montmartre, nous vîmes un chat au regard triste assis sur la tombe de Henry Dauberville. Son pelage blanc et noir devenu terne avec les nuages n’absorbait plus aucune lumière. On aurait dit qu’il veillait, immobile, à la frontière des vivants et des morts. Les quelques passants intrigués ralentissaient : était-ce hasard, habitude, ou bien un mystère plus ancien qui le retenait là ? Et pourquoi cette tombe particulièrement?

Deux ans se sont écoulés….septembre 2025. Nous visitons le même cimetière. Les pierres sont toujours là…un peu plus effritées avec la mousse qui a gagné du terrain. Le ciel voilé ne laisse pas de place au soleil et pourtant, sur cette même tombe, le chat s’y repose encore. Son corps demeure fidèle au marbre, comme s’il savait qu’un secret l’y liait. 

Il semblait être la respiration discrète du lieu, un témoin dont la fidélité dépasse les saisons. Dans le silence des allées, on ne savait plus très bien qui veillait sur qui : le chat sur la tombe, ou la tombe sur le chat. Nous avons quitté l’endroit un peu perturbées par cette image. Est-ce la raison pour laquelle nous avons oublié de se comporter comme des femmes sensées? 

On a poursuivi notre périple du jour jusqu’à l’Arc de triomphe et affamées, nous avons prévu une pause lunch rapide. Un truc simple, histoire de tenir l’après-midi : une soupe, crêpe, salade, ou sandwich, sans oublier le verre de vin. 

Le serveur nous propose le vin du mois. France et moi pensons la même chose : c’est sûrement moins cher que les vins énumérés sur la carte. On a oublié l’essentiel : COMBIEN? La commande arrive, tout est joli, les verres à vin tulipe, les assiettes décorées. On se dit : « Chic, c’est raffiné. »

Puis la note tombe. Et là, pas besoin de café : le choc réveille immédiatement. 42 € pour une soupe à l’oignon sans goût, deux crêpes jambon fromage avec une salade contenant quatre feuilles de roquettes et une tranche de tomate et 39 € pour deux verres de vin blanc….

On a payé en souriant, bien sûr, parce qu’à Paris, l’addition ne se discute pas. Mais en sortant, nous avons quand même pensé faire des biscuits et les revendre avec profit pour amortir le prix.