Nous étions parties en héroïnes. Des marcheuses infatigables, des exploratrices modernes, des presqu’ Indiana Jones armées de chaussures et sandales sport . Pas besoin de guide touristique, je connais Paris, l’ai marché, découvert sur plusieurs années. Paris nous attendait, et nous étions prêtes à conquérir chaque rue, monument, boulangerie, pâtisserie (surtout les pâtisseries).
Le premier jour, 7 km après un vol de nuit et 3 heures de sommeil. Ça s’annonce bien.
Le deuxième jour, un autre 7 km, mais une montée équivalent ã vingt étages. « Même pas fatiguées »
Les troisième et quatrième jours, 10 km. « On est mortes de rire »
Le cinquième jour, 14 km. « On est des machines de guerre »
Le dixième jour, un autre 10 km. « Rien ne nous arrête »
Le dix-septième jour, 10 km. « Ah, tiens, j’ai comme une petite douleur au genou… France à l’épaule et au dos, Anne, au genou, mais rien de grave. »
Le vingtième jour, 10 km. « Appelez l’ambulance ou au mieux le SAMU. Et trouvez-moi une pharmacie, vite. »
Les intrépides sont devenues… les invalides. Nos soirées ne se terminaient plus par des apéros sur les terrasses parisiennes, mais par des séances de cryothérapie artisanale avec des sacs de petits pois congelés coincés dans toutes les articulations disponibles avec un cocktail de pilules à avaler ainsi qu’une séance de massage à l’antiphlogestine et voltaren avant le coucher.
Nos selfies devant les monuments seront remplacés par des photos de boîtes de Doliprane et d’emplâtres chauffants.Nous voulions découvrir et profiter au maximum de Paris. Nous avons aussi découvert que nos genoux et nos dos avaient une date de péremption.
Il nous reste 10 jours et comme les bons lutteurs presque mourants sur le tapis, nous nous lèverons avec une énergie renouvelée et soudaine pour triompher de l’adversité. Le phénix qui renaît de ses cendres.
Moralité : si vous prévoyez un mois de marche à Paris, n’oubliez pas vos baskets, une pharmacie et un congélateur bien garnis.