C’est au petit déjeuner que nous décidons le programme de la journée en tenant compte de la qualité du sommeil de la nuit, de la température et des bobos qui surgissent comme le clown de la boîte à surprise quand la mélodie prend fin.
Aujourd’hui on se fait une promenade dans les rues avoisinantes de notre appartement à Montmartre, ce charmant quartier où chaque rue semble avoir été dessinée par un urbaniste qui voulait se venger de l’humanité.
Les rues pavées toujours inégales nous font travailler du genou et mettent en péril notre équilibre instable. On regarde en bas et manque tout ce qui est au-dessus de la cheville.
On commence par dévaler une pente pour aller rejoindre le buste de Dalida où France et moi frottons avec énergie ses totons en espérant une vie sexuelle épanouissante. On continue notre descente qui s’accentue de plus en plus. Mais à Montmartre une rue qui descend est le prélude à une montée spectaculaire où le verbe monter est remplacé par gravir qui plus est avec des sacs d’épicerie plein les bras.
Monter Lepic les bras chargés est digne d’une discipline olympique. Nous rigolons un peu quand on croise un citadin mais on pleure intérieurement en invoquant tous les saints du ciel pour nous amener jusqu’en haut de la rue. Un vieux monsieur nous a même doublées en sifflotant, pendant que nous essayions juste de retrouver notre souffle, notre dignité et nos mollets.
Par chance nous avons un ascenseur dans l’édifice où se trouve notre appartement….sauf qu’il est aussi grand qu’un placard à balai. On est à boutte et personne n’a envie de monter les marches des deux étages. J’entre la première de face, le visage dans le mur, un sac dans chacune de mes mains. France suit et se colle sur moi après m’avoir poussée encore plus loin dans le mur. Anne termine la marche, mais la porte refuse de fermer. On change de configuration…je me place en coin et cela vient de libérer quelques centimètres à ma gauche où France se dépêche de s’y placer en diagonale. Anne pousse avec aplomb en préservant la boîte de pâtisseries, son trésor du jour. Bingo! La porte ferme, on monte, j’ai des chaleurs et retiens mon souffle. Si j’éternue, la porte explose c’est certain. Vive Trétris….j’étais championne.
De plus, on a vue sur la Tour Eiffel….pas complètement mais quand même suffisamment pour la voir scintiller de toute sa splendeur en soirée. Nous sommes conquises.