Ce matin-là, tout était planifié comme une horloge suisse : petite sortie tranquille à Notre-Dame de Paris, suivie d’une marche sur les quais de la Seine, direction Louvre pour se rendre jusqu’à la Vasque olympique. Un beau projet pour un vendredi ensoleillé. C’est certain que nous avions prévu un arrêt pour une bouchée déjeuner sur une terrasse, rue St-Honoré.
Cela s’est un peu gâté par la suite. J’ai proposé aux deux autres de marcher tranquillement vers notre autobus au pied de Montmartre et d’acheter nos vivres tout au long du trajet rue des martyrs (la rue qui monte). La dolce vita, version parisienne. Après quelques emplettes légères (bon, d’accord, trois sacs qui faisaient la taille d’un frigo), on arrive à l’arrêt de bus.
Mais évidemment, le destin a une passion particulière pour nous transformer en figurants de comédie dramatique. Juste avant les fameuses montées vers la rue Lepic où le Sacré-coeur, l’autobus rend l’âme comme un vieil acteur de tragédie. Résultat : tout le monde dehors, dans une rue à sens unique et sans aucune possibilité d’une autre alternative que de marcher.
Et là, le cauchemar commence : escalader Montmartre avec trois tonnes de provisions collées aux bras, en doublant des touristes qui marchaient comme des escargots. À chaque marche, j’avais l’impression que mes sacs gagnaient du poids supplémentaire. J’imaginais les framboises déjà en purée et la petite tartelette aux fraises écrasée tout au fond. Anne était penchée en avant, son sac à dos écrasant à chaque pas les vertèbres de sa colonne et France voyait ses bras s’allonger. À cette vitesse, elle pourra se gratter le dessous de pied sans se pencher. Au sommet, j’étais à deux doigts de faire une tite crise cardiaque pendant que les filles essayaient d’appeler un prêtre pour sauver mon âme.
La journée s’est finalement terminée de la seule manière possible : séance spa improvisée à la maison. Traduction : tartinade généreuse de crème Antiphlogistine pour les muscles du dos, genoux et cou. Une odeur de camphre, de thé des bois et de peppermint rose planait dans l’appartement, ambiance « retraite sportive en maison de p’tites vieilles».
Pas vraiment hâte au réveil…..les trois intrépides devenues les trois invalides.